LES CONCEPTS DE LA MÉDECINE TRADITIONNELLE CHINOISE

1. Les principes

Un système cohérent

La médecine chinoise englobe une théorie fondamentale qui explique comment un être humain fonctionne lorsque tout va bien (anatomie, physiologie, psychologie…) et comment traiter les différentes pathologies quand tout va mal en expliquant leurs causes et les mécanismes pathologiques qui en découlent.

Elle possède un système de bilan de santé très développé basé sur quatre phases :

  • Interrogatoire
  • Observation
  • Olfaction & Audition
  • Palpation

Il est à noter que le bilan chinois n’est pas du tout basé sur la technologie de pointe et que son processus de guérison repose sur un triumvirat essentiel composé de la pathologie, du patient et des  qualités humaines du thérapeute. Sans nier l’intérêt de certains examens modernes, bien au contraire, un praticien de médecine chinoise bien formé peut, par exemple, à travers la prise du pouls radial détecter certains déséquilibres bien avant qu’ils soient décelables par les moyens modernes.

Un système global dit « holistique »

Le Xiuzhen Tu (修真圖), ou Carte de la culture de la perfection, est une carte taoïste sur l’anatomie humaine

Cette approche nouvelle de la santé repose sur l’élément clef suivant « La conception du corps est  considéré comme un système unifié par un réseau de canaux ».

Dans cette optique, les canaux sont distincts, vivants, relient les organes entre eux. Ce sont des  processus spécifiques grâce auquel le corps interagit avec son environnement (le  lieu de vie, les  saisons, les émotions, etc.).

Le principe « holistique » de la médecine chinoise repose sur ce rôle d’unification joué par les canaux.  Les canaux créent une sorte de tissu qui fédère les organes, l’environnement, la pathologie (et son  traitement) dans un tout unifié. On peut assimiler une conception du corps qui ne prendrait pas en  compte le système des canaux à une théorie agricole qui nierait l’importance du cycle naturel de  l’eau.  Cette notion de canal sera vue un peu plus loin dans le texte.

Un système thérapeutique performant

La médecine chinoise est également constituée d’un système thérapeutique extrêmement développé et performant qui fait la célébrité de cet art médical à travers le monde. Celui-ci s’appuie sur quatre piliers fondamentaux :

 

2. Les théories fondamentales, entre philosophie et science

La médecine chinoise s’appuie sur des théories fondamentales dont les plus connues en Occident sont :

  • Le Yīn et le Yáng
  • La théorie des cinq mouvements Wǔ Xíng (il est plus correct de traduire « Xíng » par « mouvements » que par « éléments »)
  • Le Qì
  • La théorie des organes internes
  • La théorie des canaux (souvent appelés par erreur méridiens)

Le Yīn et le Yáng, le Qì et la théorie des cinq mouvements représentent le langage de base de la médecine traditionnelle chinoise. On catégorise les parties du corps, les pathologies et les principes de traitement.

Le Yīn et le Yáng : c’est l’analyse

Cette théorie examine de façon analytique la nature générale d’un sujet. Par exemple, quelque chose qui s’ouvre, s’étend, se déplace, pousse ou réchauffe se voit attribuer la caractéristique Yáng (l’énergie, la fonction). A contrario, quelque chose qui se referme, resserre, nourrit, réduit ou rafraîchit se voit attribuer la caractéristique Yīn (la matière).

Le Yīn et le Yáng prennent également en compte la tendance aux changements qu’ont les choses. Que ce soit un objet, un événement, une pathologie ou tout autre chose encore, rien n’est immuable et tout se transforme. Le jour devient nuit, une pathologie évolue, une idée se transforme.

Concepts de Yīn, Yáng & Qì

Le Qì : c’est le mouvement premier

Le Qì est défini comme la plus petite unité fonctionnelle de tout environnement (organes ou créatures vivantes). C’est le mouvement premier, l’étincelle, non seulement de la vie mais aussi du mouvement de l’univers.

Le Qì que nous pouvons traduire maladroitement par énergie, souffle, vitalité, dynamisme, est la force qui naît de la confrontation du Yīn et du Yáng. Nous pouvons dire que partout où il y a de la vie, partout où il y a des changements, il y a du Qì. C’est le souffle de vie qui anime tout mouvement (manifestation).

La théorie des cinq mouvements : c’est la catégorisation et l’interrelation

Le terme cinq éléments est une très mauvaise traduction de Wǔ Xíng, qu’il est préférable de traduire par cinq mouvements qui rend mieux l’idée originale. Ces mouvements sont cinq types de dynamismes, de natures, de qualités qui servent à étudier les caractéristiques spécifiques de tous mouvements (manifestations) ainsi que leurs interactions.

Les cinq mouvements

La catégorisation chinoise s’efforce de maintenir à chaque instant une compréhension de la relation de chaque partie avec les autres parties de l’ensemble. C’est une manière de catégoriser les choses et de comprendre leurs interrelations. Cette catégorisation englobe aussi tous les aspects de l’existence (sons, couleurs, planètes, etc.).

Les mouvements : On parle du mouvement Bois, Feu, Terre, Métal, Eau. Au niveau médical chacun est en relation avec des organes, des sens, des tissus, des émotions, des goûts etc.

Leurs interrelations : chaque mouvement se comprend en fonction des quatre autres. Chacun a besoin de l’aide d’un autre et chacun contrôle un autre. Le corps est à l’image d’un écosystème.

La théorie des organes internes

Alors que le Yīn et le Yáng, les cinq mouvements et le Qì fournissent le langage du discours médical, les organes sont le principal sujet de discussion.

Les organes selon la médecine chinoise, sont les réceptacles des stimuli et des substances du monde extérieur. C’est également à partir des organes que les substances du corps sont générées. Les organes communiquent entre eux via un réseau appelé système des canaux.

Cette théorie des organes catégorise la physiologie (comprendre comment le corps fonctionne, le rôle de chaque organe et leurs mécanismes de fonctionnement) et la pathologie ( notamment leurs causes et leurs mécanismes). Elle est essentielle pour l’élaboration du traitement.

La théorie des canaux

Cette théorie décrit le réseau qui permet aux théories précédentes (Yīn et Yáng, les cinq mouvements, le Qì et les organes) de prendre vie. Elle intègre le tout et relie le corps au monde au sens large.

C’est un véritable processus vivant. Comme nous l’avons vu plus haut, c’est la théorie des canaux qui fournit une structure au concept de « holisme » en médecine chinoise. Les canaux ne sont pas des voies creuses qui transportent des substances dans les divers organes, mais au contraire des agents actifs qui participent au processus physiologique effectif.

Si on applique le principe holistique de la médecine chinoise (rappel : Les canaux créent une sorte de tissu qui fédère les organes, l’environnement, la pathologie et son traitement, dans un tout unifié) alors on peut même considérer les canaux comme partie intégrante des organes eux-mêmes. Ainsi, l’organe cœur et son canal associé, par exemple, font partie d’un tout fonctionnel.

L’ensemble des sources viennent pour la plupart du livre de Wang Ju-Yi « La théorie des méridiens et ses applications en médecine chinoise » et du site de Philippe Sionneau